Harraga : la traversée de l'enfer
Aujourd’hui, les harraga ont encore fait les gros titres. Ces hommes, ces femmes, pire ces enfants aveuglés par la misère qui voient leur avenir se résumer à la tombe vierge qui les attend. Ainsi, ils embarquent pour 40 jours et 40 nuits… Du pur enfer. Assis, immobiles, la peur leur broie le ventre. Le manque de place leur broie les os. Sur cette coquille de noix sont entassées plus de 20, voire 30 personnes. Tous ont le ventre lacéré par la faim et la soif. Et autour de soi ? De l’eau encore et toujours de l’eau à un tel point que des fois c’est l’esprit lui-même qui commence à prendre l’eau… Une eau trouble qui annonce la noyade dans l’abîme de la démence. Leur torture s’achève après plusieurs minutes d’agonie.
Lorsque la mer fait sa capricieuse, l’orage gronde. Un peu comme une dispute entre ciel et mer. Certains seront dévorés par les vagues noires, leur nombre a déjà diminué de moitié. Si la mer veut se montrer clémente, c’est le soleil qui reprend le flambeau, cogne les têtes et brûle la peau. Mais cette chaleur insupportable révèle l’odeur de chair en putréfaction, des cadavres recroquevillés sur eux-mêmes, morts durant la nuit ou plus longtemps, personne ne saurait dire… Les corps inertes seront jetés, par-dessus l’embarcation, à la mer affamée et bien cruelle, sans plus de cérémonie. Plus les côtes se rapprochent, plus les rescapés se font rares… Cinq, tout au plus. Voilà le meilleur scénario possible… Ils ont connu l’enfer sur terre, mais vaut-il l’enfer sur mer ?
CHETOUANE Thamila (4ème AM3), CEM Mouloud FERAOUN.